jeudi 19 juin 2014

Premiers ballons, premier bilan

Droit au but !

Voilà une semaine que la Coupe du Monde bat son vide. Le temps est venu pour nous de nous asseoir à la fraîche, de prendre du recul et de considérer d’un œil aiguisé, pour ainsi dire d’un regard d’expert, tout ce que nous avons vu, tout ce que nous avons ressenti. Les moments d’émotion, les joies, les pleurs…

Ça risque d’être un peu pénible, je vous préviens tout de suite.

Déjà, ce que nous pouvons dire, c’est qu’en 2014, pour regarder le Mondial, il n’est plus nécessaire d’avoir la télé. Il est tout à fait possible de se contenter d’une bonne connexion Internet et de profiter des retransmissions sur le live de TF1, ou celui de BeIN Sports si vous avez fait l’effort de payer un abonnement. Dans le cas contraire, il existe tout un tas de liens pour profiter des matchs en streaming. On n’arrête pas le progrès.

En fait, dans la pratique, c’est le progrès qui s’arrête tout seul, à peu près toutes les trente secondes, sur une image fixe. Et pendant ce temps-là, les joueurs marquent des buts comme des morts de faim, et vous êtes resté sur la même image fixe d’un supporter à peintures et perruque de guerre en train de hurler. Et vous hurlez avec lui, mais vous c’est plutôt pour insulter ce streaming de merde qui n’arrête pas de planter. Ça découragerait le plus fervent des supporters, et comme je ne suis pas le plus fervent des supporters, vous imaginez ma détresse…

Mais je suis consciencieux. Les obstacles ne me font pas peur. Je suis persévérant. Je ne me laisse pas intimider (et je pourrais continuer comme ça un moment avec plein d’autres phrases signifiant toutes la même chose, mais vous ne seriez pas plus convaincus, alors j’arrête). Au début, en tout cas, j’ai fait des efforts. Brésil-Croatie. Mexique-Cameroun. Espagne-Pays-Bas. Angleterre-Italie. France-Honduras : j’ai tout regardé. J’étais, comme on dit, au taquet. Après, bon, j’avoue que j’ai un peu perdu patience. Et puis j’ai dû faire une indigestion de pelouse verte. Je crois que si par malheur j’avais eu un jardin, je l’aurais coulé sous le béton.

Bon, mais assez avec mes petits problèmes. Vous voulez du concret, de l’analyse pointue, avec de la dérision, un ton « décalé », esprit Canal historique – du FIFA PAPA, quoi !

Eh bien, figurez-vous qu’il m’est arrivé deux ou trois fois de ne pas m’ennuyer. Je vous assure : j’étais devant mon écran d’ordinateur, comme ça, et je suivais l’évolution des joueurs sur le terrain, et soudain, je me surprenais moi-même : « Mais… Ça fait bien deux minutes que je ne me suis pas emmerdé, moi ! Il va falloir que je me surveille : je suis à deux doigts de prendre un abonnement au Stade lavallois pour la saison prochaine, là ! »

Déjà, j’ai apprécié que le premier but de cette Coupe du Monde soit celui d’un joueur brésilien… contre son camp. Ça m’a donné l’impression, l’espace d’une seconde, que moi aussi, j’aurais pu être un grand joueur. Le Brésil, jusqu’à présent, montre une belle désinvolture, une sorte de détachement qui lui vient peut-être de la bossa nova, allez savoir… Il faudrait que je demande à DJ Zukry, c’est lui le spécialiste de la bossa. En tout cas, on sent que les joueurs brésiliens se sont dit : « On joue à domicile, on est le pays du foutchebaole, inutile de nous fatiguer : la Coupe du Monde, c’est dans la poche ! Une formalité. » Et comme il semble que les arbitres aussi sont dans leur poche, ils n’ont peut-être pas tort. Du coup, on est quand même bien contents de voir la Croatie et le Mexique leur donner une petite leçon de foot.

Ah ! Vous avez vu, j’ai pas peur de dénoncer, hein !
Batave en lévitation

Comme beaucoup de monde, je crois, c’est le match opposant les Pays-Bas à l’Espagne qui, jusqu’à présent, m’a le plus amusé. C’est là, justement, que je me suis surpris à ressentir un peu d’admiration. Je n’étais même pas loin de comprendre qu’on puisse rester assis devant un match pendant quatre-vingt-dix minutes pour voir de telles prouesses physiques, des Bataves se jouant des lois de la gravité pour planter des buts aussi parfaits – oui, des Hollandais volants. Et puis c’est toujours un peu rigolo de voir les vainqueurs de la fois d’avant se prendre une dérouillée magistrale. Une fessée cul nu devant tout le monde eût sans doute été moins humiliante…

Et puis il y a eu la France, qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Ça a donné quoi, au fait, cette histoire de ballon accepté, refusé, accepté grâce à la technologie, refusé à cause du ralenti, accepté ?… Il faudrait que j’ouvre un journal récent à la page des sports pour me renseigner, parce que si ça continue, on va me prendre pour un amateur… En tout cas, c’est un véritable petit bijou, cette Goal Line Technology – qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne sert pas à mesurer les érections matinales. On nous a fait toute une démonstration magnifique sur cet outil extraordinaire… mais on en est toujours à se poser la même question : « Y’a but ou y’a pas but ? » Il paraît d’ailleurs que cet outil existe déjà depuis belle lurette au tennis – sauf que là, ça marche. Peut-être qu’en faisant des dessins avec la bombe de chantilly utilisée pour les coups francs, on obtiendrait plus de résultats ?

Voilà à peu près tout ce que je peux dire sur cette première semaine footballistique. Après le match France-Honduras, je l’avoue, j’ai un peu décroché. J’ai été très occupé cette semaine, vous savez ce que c’est, le travail, tout ça… Mais je vous promets que je vais me ressaisir. Comme disait je sais plus qui : « On lâche rien ! » Je vous tiens au courant.

Un technologue au service du but parfait



Raphaël Juldé – commentateur avisé

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